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Criminalité en Suisse: les statistiques et la réalité


Criminalité en Suisse: les statistiques et la réalité

 

Premières statistiques sur la criminalité en Suisse selon la nationalité: «C’est n’importe quoi!» s’indigne Olivier Guéniat, chef de la police judiciaire neuchâteloise.

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Trinidad Barleycorn - le 12 septembre 2010, 21h54
Le Matin

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Les Angolais, les Nigérians et les Algériens ont commis environ six fois plus de délits relevant du Code pénal en 2009 que les Suisses, qui eux-mêmes sont deux fois plus criminels que les Allemands résidant dans le pays: c’est sûr, les chiffres recueillis pour la première fois par l’Office fédéral de la statistique, pour une enquête commandée par la SonntagsZeitung, interpellent.

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Si le classement basé sur ceux qui commettent le plus de délits, les hommes de 18 à 34 ans, montre que les premières places sont principalement occupées par des ressortissants d’Afrique noire, il démontre toutefois que les étrangers en général ne sont pas plus criminels que les indigènes: 1,6 fois plus de délits que les Suisses.

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«Ces chiffres ne dévoilent pas une vérité absolue. Statistiquement, avec les pieds dans le frigo et la tête dans le four, on est à bonne température! Il faut prendre du recul avec les statistiques, explique Yvan Perrin, inspecteur de police neuchâtelois et vice-président de l’UDC. Si on avait trois Angolais en Suisse et que l’un d’eux commette un crime, on ne pourrait pas dire que 33% des Angolais sont des criminels! Les chiffres publiés nous permettent juste de voir où ça cloche et de mener une réflexion pour une meilleure intégration, notamment en ciblant sur l’apprentissage de la langue.» Pour lui, pas de surprise: «Les Dominicains, qui arrivent cinquièmes, sont surtout arrêtés pour trafic de drogue, tout comme les Nigérians. Quant aux Tamouls, il s’agit surtout de criminalité interne à la communauté.» On peut toutefois s’étonner de l’absence des pays de l’Est. «Depuis 18 mois, de nombreux cambriolages sont commis par des Géorgiens et des Roumains», souligne Yvan Perrin.

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Pour Manon Schick, porte-parole d’Amnesty International Suisse, «il serait important de savoir si le délit de séjour illégal est compté dans les statistiques. Il est évident que, si une personne est condamnée dix fois pour séjour illégal, cela fait monter les statistiques de la criminalité étrangère.»

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Distinction des crimes

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Et justement, sur le fond, peut-on comparer les personnes proportionnellement au nombre de ressortissants? A ce jeu-là, les Portugais, condamnés à 903 reprises en 2009, ne seraient que 2613 à avoir eu affaire à la justice si l’on comptait sur 100 000 ressortissants. Alors que les 4362 Angolais de Suisse, responsables de 37 crimes, seraient d’après cette méthodologie 12 416 criminels s’ils étaient 100 000 dans le pays! «C’est n’importe quoi!» s’indigne Olivier Guéniat, chef de la police judiciaire neuchâteloise et criminologue de renom. Pour lui, la démarche est fausse et anecdotique: «On parle de 37 Angolais condamnés pour les qualifier de population la plus criminelle de Suisse! Sur les 630 000 délits annuels! Et on mélange des crimes de gravité différente, trafic de drogue, vol, meurtre ou viol. Si on ne considérait que la pédophilie par exemple, le classement serait bien différent.»

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Pour Olivier Guéniat, la nationalité n’a aucune incidence sur le passage à l’acte. «La criminalité se définit grâce à des variables connues en criminologie et réparties en quatre groupes: le back-ground, comme le sexe, la génération d’immigrants, la classe sociale, l’âge. Puis le contexte familial et les événements traumatisants. Ensuite, le contexte scolaire et socioprofessionnel. C’est le plus important: l’individu doit pouvoir se projeter dans l’avenir.» La dernière variable est l’environnement avec l’attachement au quartier. «La réunion de ces variables conduit à 80% au crime. Ces statistiques ne tiennent pas compte des degrés d’immigration. L’intégration d’une population prend 15 à 20 ans. Les Africains sont les derniers arrivés. Regardez comme les Italiens ou Espagnols sont sous-représentés. Parce qu’ils sont totalement intégrés.» Pas question d’attendre si longtemps pour Yvan Perrin: «En investissant de manière ciblée grâce aux chiffres désormais disponibles, nous pouvons accélérer le processus d’intégration et donc réduire la criminalité.»

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Article tiré du "matin.ch" le 12 septembre 2010











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