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Williman, l'artiste qui monte.

Culture(s) : Cameroun


Interview de Williman
Artiste genevois
le 29 mai 2009
A Onex.

Williman, est une figure bien connue de la scène Hip Hop genevoise. Très actif sur la toile, l'équipe MIA l'a remarqué sur Facebook dans les clips «wadadading» et «Unity». Artiste talentueux et ambitieux, ce suisse-camerounais se confie à notre équipe.

Munganga pour MIA (ci-après MIA):
Williman, on se trouve dans ton fief à Onex. Comment veux-tu que je t'appelle ? Williman ou William ? T'as une préférence ?

Williman (ci-après:W.):
Cela m'est égal, c'est la même personne.

MIA:
Aujourd'hui, je viens à toi. Cela fait un moment que j'avais entendu parler de toi.
On apprécie beaucoup ton flow. Tu as une bonne élocution et on comprend ce que tu dis. Ce qui n'est pas le cas de tous ...(rires) et il y a de la fraîcheur, de la légèreté dans tes morceaux, «wadadading» et «unity». Les beats ne sont pas trop chargés, est-ce que c'est ton choix personnel ?

W.:
Non, en fait cela dépend, c'est au feeling que cela se passe. Je n'ai pas un style de beat approprié. C'est à la vibe, si je le sens, si ça me touche, c'est ok.

MIA:
Qui fait tes beats ?

W.:
Y a divers producteurs. Y a aussi des Faces B. Ce sont en fait des sons ou des beats faits par des américains et on fait un remix dessus. Ou aussi divers producteurs comme par exemple Fleo. C'est un jeune producteur talentueux qui est à Fribourg. Il a produit un de mes derniers morceaux qui est : «Bienvenue à Genève», que l'on va clipper bientôt.

MIA:
Ok, ça s'est une sortie à venir ?

W.:
Oui, c'est ça, mais je dois encore réfléchir si cela doit sortir sous la forme d'une mixtape ou dans mon album mais je dois en parler avec le Staff!

MIA:
Le staff? Tu as une équipe avec toi ?

W.:
Oui , on commence à se former, à se structurer. Nous n'avons pas de nom particulier mais le staff est constitué du collectif Neoblues constitué de Basengo, Shaka et moi. Sans oublier le producteur Nevadai.
MIA:
Tu as grandi à Onex ?

W.:
Oui avec ma mère. Je suis né à Genève.

MIA:
Comment en es-tu venu au Rap ?

W.:
Déjà mes amis en faisaient. Ory, Archimède, Blaise-Félix et Jean Martin étaient membres du groupe le « Conflit ». Eux rapaient et moi je les accompagnait. J'avais 15 ans environ. C'est là où j'ai côtoyé vraiment le rap et où j'ai balancé mes premières rimes. A l'époque, j'étais encore un peu timide, je n'osais pas trop montrer mes compositions!

MIA:
Comment as-tu eu le déclic ?

W.:
J'ai commencé à prendre ça un peu plus au sérieux lorsque je me suis retrouvé à la Clairière vers mes 16 ans (Ndlr: Centre éducatif, d'observation et de détention pour adolescents et adolescentes).
Durant le temps où je me suis trouvé là-bas, j'ai rapé sans cesse. C'est là-bas vraiment que j'ai vu que j'avais un truc la dedans. Je m'étais retrouvé face à moi-même. Je ne faisais que raper et en sortant de là, je me suis dit: « là, je rape! »

MIA:
Pendant ton séjour à la Clairière, tu as pu bosser ton art en fait ?

W.:
Non en fait, j'ai appris à me lâcher là-bas, à ne pas me brimer comme je pouvais le faire auparavant. Là j'improvisais pendant des heures et des heures et ça m'a donné confiance en moi. Ça peut paraître cliché mais c'est comme ça que ça s'est passé. Je n'ai pas appris à raper là-bas, mais plutôt à me débloquer, à assumer, à prendre confiance.

MIA:
Williman, qui dit la Clairière, dit un peu de délinquance ...?

W.:
Beaucoup...

MIA:
Tu veux en parler vite fait? C'était quoi ? Bagarres, business... ?

W.:
C'était beaucoup de souffrance. Comme beaucoup de jeunes aujourd'hui, pas bien encadré, pas de repères, pas de socle solide, voilà...

MIA:
Tes parents sons camerounais, c'est ça? Ils sont de quelles ethnie ?

W.:
Ma mère est Douala et mon père est Boulou
Et ça fait pas longtemps que j'assume que je suis Boulou. Cela ne fait que quelques mois que je commence à dire que je suis boulou (rires..).

MIA:
Réconciliation avec les origines par rapport au père absent?

W.:
Clairement oui

MIA:
Tu l'as rencontré ?

W.:
Non.

MIA:
Ce qui est assez marquant quand je t'écoute, ce sont ces références à toi même, l'introspection... La solitude, la réflexion, c'est ton truc ?

W.:
Oui à fond.

MIA:
Tu arrives à le manifester dans ta musique ?

W.:
Je fais du Rap pour ça, pour m'écrire, pour retranscrire mes pensées. C'est très personnel.C'est mon approche du Rap à moi. Quand je n'arrive pas à parler de moi, je ne rape pas. Tout simplement.
J'aime traiter des sujets qui me touchent, de moi, de mon entourage,...
Je ne suis pas trop dans les « On ». Style: « le monde vas mal » , « on est... ». Je préfère parler de mes problèmes, de mes embuches. Je pense que c'est comme ça que les gens ou les plus jeunes arrivent à mieux se voir dans ce que je peu dire ou ce que je peux vivre. Je me rappelle que lorsque j'écoutais des artistes qui avaient cette démarche, j'arrivais à me mettre à leur place .
Ce qui me donne de la Force, c'est lorsque des personnes viennent me dire qu'elles aiment ce que je fais.

MIA:
En terme de rayonnement, est ce qu'on te connait uniquement sur Onex et sa région ou ailleurs ?

W.:
Je pense que ça commence à aller un petit peu au delà de Genève. Je sens que je commence à avoir du retour par les gens qui viennent me voir dans mes concerts dans d'autres villes ou qui me reconnaissent dans la rue. Et là on se dit: « quand même... » Et sa touche!

MIA:
Il faut dire que tu es très actifs sur le net. Tu publies beaucoup de clip sur le net. Sans oublier que sur Facebook, tu as plus de 1700 amis, ce qui est une véritable performance... (Ndlr: le nombre moyen est entre 150 et 200 amis).

Par rapport à l'avenir, t'as une maison de disque, un manager ?

W.:
On est sur les rails de l'indépendance. On finance nos propres clips, nos mixtapes, etc. Si on fait les choses bien, c'est là où des plus grandes structures viendrons pour nous emboiter le pas.

MIA:
Le but est de vous faire remarquer par les maisons de disque ou autres producteurs ?

W.:
Pas forcément, nous nous faisons ce que nous avons à faire. Si on nous tend des perches pour avancer et bien tant mieux et si ce n'est pas le cas tant pis. Nous avançons par nous mêmes avec nos propres moyens et avec l'aide de Dieu.

MIA:
Donc vous ne comptez sur personne?

W.:
Ce n'est pas que nous ne comptons sur personne. C'est qu'on avance et si des gens bienveillants veulent nous aider et que ca va dans notre direction et bien parfait.

MIA:
Mais c'est du boulot parce que vous êtes avant tout des artistes?

W.:
Oui en effet, on a beaucoup de casquettes.

MIA:
Donc ton avenir, tu le vois intimement lié au collectif Neoblues?

W.:
Là en ce moment comme c'est le début, chacun à sa manière de travailler, parce que nous somme trois artistes très différents. Ce qui veut dire que déjà à la base, on est ami avant d'être « ami Rap »on est des amis dans la vie de tous les jours. Quand on se voit on ne parle pas nécessairement de Rap, ce qui fait que c'est ça qui nous réunis. Après le Rap, c'est chacun un peu son univers, donc on montre à chacun notre travail pour récolter des avis pour savoir si c'est bien ou pas mais après c'est quand même chacun dans son truc.

MIA:
Tu as des dates à venir ?

W.:
Pour l'instant, je n'ai pas de dates, mais en tout cas, je peux te dire que courant 2009, il y aura pas mal de choses... que ce soit en clip, interview, mixtape, etc.

MIA:
J'aimerais que tu nous parle un peu de l'Afrique. Comment tu vis ta part d'africanité en tant que jeune black vivant à Genève ? Est ce que tu le vis bien, est ce que tu kiffes ou est ce que tu trouves que c'est bof bof...?

W.:
Tu sais quoi, je vis bien le fait d'être un suisse-camerounais parce qu'avant j'avais, dans ma tête, plutôt tendance à me dire, je suis camerounais, je suis camerounais, je suis camerounais. Mais avec le temps et en allant au Cameroun, j'ai réalisé aussi que je suis aussi Suisse.

MIA:
De quand date ton dernier voyage au Cameroun ?

w.:
J'y suis allé il y a environ un mois.

MIA:
Ah ok, et c'est là aussi où tu as pu te réconcilier avec le papa ?

W.:
Non, non, (Rires... )
C'est en allant là-bas que j'ai réalisé que j'étais aussi un bon suisse. Là-bas, les mœurs ne sont pas les mêmes. Et, il y avait certaine chose où j'avais du mal où je n'étais pas à l'aise. C'était par rapport à ma double éducation. A l'école, j'ai acquis les mœurs suisse: C'est pourquoi, le mots « afropéen », je le comprends beaucoup mieux. Je suis donc afropéen. Un suisse d'origine camerounaise fier de ces deux pays.

MIA:
Et la communauté africaine à Genève, t'en penses quoi ?

W.:
Je ne sais pas. Chacun vit son africanité comme il veut.

MIA:
Et toi, comment la vis tu ?

W.:
Je suis parti pendant une semaine dans un cadre associatif au Cameroun. Le projet Cameroun.

MIA:
Tu as ressenti des choses ?

W.:
Oui beaucoup de choses. Déjà, cela m'a fait bizarre d'aller au Cameroun et de ne pas voir ma famille parce que toutes les fois où j'y allais, j'allais voir ma famille. Et ça m'a fait bizarre d'être dans ce cadre associatif où il n'y avait pas que des camerounais. Je n'ai pas forcément été à l'aise dans ce cadre là.

MIA:
Comment ça?

W.:
Comme je te l'ai dit, du fait d'être au Cameroun sans voir ma famille et de me faire balloter de gauche à droite parce que le Cameroun, je n'y suis allé qu'en vacance...Je ne le connais pas comme Genève le Cameroun. Dans mon propre pays, ce la m'a fait bizarre d'être étranger chez moi. C'est dans ce sens là. Cela m'a montré bien des choses pour être franc.

MIA:
Ca t'a montré quoi ?

W.:
Que je ne connaissais pas assez ma culture et que j'ai un devoir de consolider mes racines en m'intéressant plus au Cameroun en apprenant à l'aimer réellement. Parce que c'est facile de dire depuis l'Europe, depuis la Suisse: « oui, moi j'aime le Cameroun... ». Mais, il faut y aller, et c'est en y allant que tu peux dire: « j'aime ou j'aime pas ». ET moi j'ai un besoin de consolider tout ça. D'ailleurs, je tiens à dire que j'aime le Cameroun, que j'aime le peuple camerounais.

MIA:
Mais tu peux aussi être critique sur ton pays!

W.:
Mais ça c'est comme dans chaque pays, ce n'est pas propre au camerounais ou au Cameroun. Des désagréments y en a partout.

MIA:
C'est quoi ton plat préféré camerounais ?

W:
Le Ndolé (ndlr: légumes vert), dédicaces à Tata Caroline (rires...) avec le miondo (ndlr: bâton de manioc) accompagné de viande ou de poisson.

MIA:
Quel est ton rêve ? D'artiste et d'homme?

W.:
Pouvoir vivre de ma musique et partager ma musique avec le maximum de gens. Et en tant qu'homme, de me rapprocher le plus possible de Dieu, de m'améliorer en tant qu'humain, ou plutôt qu'il m'améliore, qu'il m'en donne la force...

MIA:
Merci


Pour contacter Williman:
http://www.myspace.com/willimanmusic




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