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MC Spider, la légende

Culture(s) : Congo (RDC)


Interview événement de Spider
Au No Comment Bar / GE
Le 20 mai 2009


Spider, MC, DJ, polyglotte, érudit dans de nombreux domaines, que dire, cet homme est plein de surprises. Son profil particulier le rend inclassable.
MIA a pour but de faire état des personnes qui comptent dans notre communauté culturelle afro-urbaine. En toute logique, dans le milieu de la nuit, Spider doit faire partie du groupe des premiers interviewés. Pour ceux qui ne le connaissent pas, vous comprendrez que c'est la moindre des choses au regard de ce qu'il a accompli. Mais pour susciter votre intérêt, Spider a été chroniqueur à la TSR dans l'émission Juke Box Heroes, il y a 20 ans... Il a sillonné ces dernières années toute la Suisse Romande comme DJ ou MC.

Je rejoins le personnage au No Comment Bar Lounge dans le quartier des Charmilles à Genève.


Munganga pour MIA (ci-après MIA):
Bonjour Spider, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Spider (ci après: S.):
Je n'aime pas me présenter. Je préfère que l'on me présente. Je sais que c'est un peu narcissique mais je préfère que l'on dise: «Vous ne le connaissez pas? mais c'est Spider ! ».
Sinon certaine fois, c'est moi même qui lance mon nom d'artiste pour voir la réaction de mes interlocuteurs.

MIA:
Je ne le fais pas d'habitude, mais là, il faut que tu me dises d'où vient ton surnom?

S.:
On me l'a donné à l'école. Je devais avoir 14 ans. Au début, on ne m'appelait pas Spider mais Grand Master Phil en clin d'œil à Grand Master Flash. Cela était dû au fait que j'aimais déjà faire le spectacle lors de boums, soirées, bref dès que c'était possible.
A cette époque, nous avions formé un orchestre de reggae , les Free Spirits, avec des compositions originales de Simon Adoboli. Et dans le groupe, je me faisais appeler Ras Man Kayas (en référence au rastafarisme).

MIA:
Ok, tu as eu beaucoup de surnoms. Mais Spider est arrivé comment ?

S.:
C'était pendant un cours d'anglais durant la même période (14-15ans). Et à la place de suivre le cours nous faisions du breakdance... Là, je rate un mouvement et je me retrouve par terre et pour ne pas paraître stupide.... Je continue à danser au sol en rampant. Et ça à fait penser à toute la classe à une araignée... Et donc qui dit araignée, cours d'anglais, ça donne Spider ! et non Spyder avec y comme bcp font l'erreur.
D'où, Grand Master Phil The Spider qui deviendra plus tard simplement Spider. Auquel vous rajoutez à discrétion MC, DJ, etc.

MIA:
Spider je ne savais pas que tu connaissais beaucoup de langues?

S.:
En effet, je parle couramment l'anglais, le français, l'espagnol, et linguala (Ndlr: dialecte en RDC). J'ai de très bonnes notions en Italien, portugais, et aussi un peu de russe, arabe et de japonais.

MIA:
Ok, sans commentaire...
Tu es surtout connu pour être DJ et MC.
Mais as-tu encore d'autres talents ?

S.:
(Sourire)
Je suis aussi danseur, chorégraphe et musicien.

MIA:
Rien d'autres...?

S.:
Je dessine de tout: voitures, personnages, maisons, etc.

MIA:
Mais qu'est ce qui te plaît le plus dans tout ça ?

S.:
Je pense que c'est l'aspect créatif, le fait de pouvoir m'exprimer...
Mais je suis convaincu que l'exhibitionnisme est un trait de caractère qui est propre à tous ceux qui embrassent une carrière artistique.

MIA:
Est-ce que tu as d'autres passions ?

S.:
Je suis passionné par l'histoire des civilisations, par l'homme en général.

MIA:
Encore un aspect de ta personnalité que le grand public ne connait pas.
Alors dis-moi quels personnages illustres aurais-tu aimé inviter ?

S.:
Humm...Intéressant
Alors je dirai: Xerxès 1er pour ces talents de stratège, Martin Luther King, Malcom X, Cheick Anta Diop, Ramsès le grand.

MIA:
Pas de femmes?

S.:
Rosa Parks, Kimpa Vita

MIA:
Kimpa Vita ! Qui est-ce ?

S.:
C est un grand personnage historique du Congo qui vécu au XVIIe siècle...

MIA:
un dernier nom féminin...

S.:
Wangari Muta Maathai (Ndlr: femme originaire du Kenya, prix Nobel de la paix en 2004).

MIA:
Comment expliques-tu ta vaste culture ?

S.:
Tout d'abord, par les études car je suis d'une génération ou le cursus scolaire français est très poussé dans le développement personnel.
Je dois aussi rendre hommage à mon père qui m'a insufflé l'amour de la lecture, de toutes les lectures. Il était lui-même un érudit et reconnu comme tel par tous ceux qu'ils l'ont côtoyé. Mon père m'encourageait à approfondir mes connaissances en tout et c'est ce qui m'a conduit à l'auto didactisme.

MIA:
Je me permets de préciser que ton père était haut fonctionnaire à l'ONU, sans compter qu'il était une personne très respectée dans la communauté africaine.
De plus, il est bon de souligner auprès de nos lecteurs que tu fais partie de la première génération d'enfants de fonctionnaires internationaux résidant à Genève.

S.:
Dans les années 80, la culture black US, on ne savait pas ce que c'était en général. Nous étions les premiers à la maîtriser et à la diffuser par la danse, la musique, etc.

MIA:
D'ailleurs, tu as été chroniqueur pour l'émission Juke Box Heroes à la Télévision Suisse Romande. C'était une époque où tu étais très populaire.

S.:
Oui, en effet, j'ai été chroniqueur de 1984 à 1987 aux côtés du Dr Minestrone et de Patrick Allenbach, producteur de l'émission à l'époque.

MIA:
Et parmi tous ces talents, comment te définis-tu ?

S.:
Comme un libre penseur.

MIA:
Malgré tous ce que tu as accompli, as-tu encore un rêve ?

S.:
Oui j'en ai encore...

MIA:
Lequel ?

S.:
C'est quelque chose que j'ai en moi depuis une trentaine d'années...
Il s'agit d'écrire, produire et réaliser le plus grand film historique sur l'Afrique afin de rétablir la vérité sur l'histoire de notre continent.

MIA:
Rien que ça !
Sur quels travaux te baserais-tu ?

S.:
Ceux de Cheick Anta Diop et de nos bibliothèques vivantes que sont nos anciens.

MIA:
Merci d'avoir partagé tes pensées avec les lecteurs de MIA
Comment peut-on te contacter?

S.:
Sur mon blog:
http://liondjo.afrikblog.com/


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