En Valais, un jeune arbitre noir insulté par le parent d'un joueur de son club !

Ce jeune arbitre de 17 ans, cap-verdien d'origine, a été victime d'insultes racistes lors d'un match de juniors à Monthey (VS/Suisse). Le club a immédiatement réagi.

Il a 17 ans, étudie à l'école de commerce. Miranda Nébil est un étudiant comme les autres. A l'instar d'autres jeunes de son âge, il voue une passion pour le football qu'il conjugue presque à tous les temps. Il joue avec les juniors A inter du FC Monthey et il arbitre les juniors D et E de son club. Récemment, ce jeune de couleur - il est cap-verdien d'origine, né en Suisse - s'est fait apostrophé. Des insultes racistes qu'il a très mal digérées.

 

Miranda Nébil, racontez-nous votre mésaventure...

J'arbitrais un match de juniors D. A un moment, il y a eu une petite faute sur un joueur du FC Monthey que je n'ai pas sifflée. A mon sens, je n'ai pas commis d'erreur, l'intervention ne méritant pas un coup-franc. Le père du junior concerné s'est alors mis à m'insulter en portugais.

 

Que vous a-t-il dit?

«Noir de merde», «va te faire foutre» et «t'es nul comme arbitre», le tout sur la même action. Je le connaissais de vue puisque j'avais déjà arbitré l'équipe de son fils. C'est la première fois qu'il avait une telle réaction. Mais là, il s'est vraiment emporté...

 

Avez-vous une explication à ce comportement?

Non. Il a probablement estimé que son fils était victime de fautes et qu'il risquait d'être blessé. C'est en tout cas ce qu'il a prétendu à la mi-temps.

Mais franchement, le match n'était pas plus engagé que ça. Je pense qu'il était aussi frustré par le résultat. Monthey était alors mené 3-0; il n'y avait que huit joueurs sur le terrain alors qu'en D, on joue à neuf...

 

L'affaire en est-elle restée là?

Non. L'entraîneur du FC Monthey a pris ma défense et lui a demandé de se calmer. Il s'est alors tourné vers lui et lui a demandé: «T'es qui, toi?» A la mi-temps, il est entré dans les vestiaires pour prendre son fils car il craignait pour son intégrité physique. Avant de quitter le stade, il a mis une claque à l'entraîneur. Durant la pause, un autre papa est venu chercher son fils. Eux aussi s'en sont allés.

 

Quelle a été votre réaction?

J'ai arrêté le match par crainte que la rencontre ne dégénère. Et aussi parce que Monthey n'avait plus assez de joueurs pour que le match puisse continuer. L'entraîneur adverse a parfaitement compris la situation quand bien même son équipe menait 7-1. Il m'a encouragé à informer le club de cet incident et à faire un rapport auprès de l'AVF. C'est ce que j'ai fait. L'AVF a d'ailleurs donné la victoire à Vouvry par forfait (3-0).

 

Etait-ce la première fois que vous étiez victime d'insultes racistes?

Non, la saison dernière, alors que je jouais en juniors B, un parent de l'équipe adverse avait déjà tenu de tels propos. Ce type d'insultes fait mal; elles sont blessantes. Sur le moment, j'ai d'ailleurs songé à arrêter l'arbitrage. Aujourd'hui, j'ai tourné la page. Mais je ne viens pas arbitrer des jeunes pour me faire insulter pareillement. Ça fait d'autant plus mal que ces insultes proviennent d'un parent de mon propre club...

 

Quelle a été la réaction du club?

 

Il m'a soutenu en excluant les juniors du club. J'ai un peu mal pour eux. Ils paient pour le comportement de leur père.

 

Au fait, a-t-il pris la peine de s'excuser?

 

Non, il ne m'a même pas appelé.

 

Source: www.lenouvelliste.ch